J'ai commencé à vouloir un enfant au début de la trentaine, à l'âge où nos mères en avaient déjà plusieurs. Puis je me suis séparée de mon amoureux. Et la course contre la montre a démarré à ce moment-là, en faisant des allers-retours pour Barcelone puisque mon pays, la France, ne me permettait pas cette bataille. L'horloge biologique est d'une sévérité implacable parce que c'est la nature, la défier n'est pas si simple. J'ai traversé la frontière pour d'abord congeler mes ovocytes, puis à 40 ans, pour faire un bébé, seule. Ce récit est mon histoire, mais il est surtout révélateur d'une génération qui fait des enfants de plus en plus tard, qui se sépare de plus en plus, qui se recompose, qui redessine la carte des liens familiaux. A l'aube d'un assouplissement de la loi en France, il porte la voix de milliers de femmes, célibataires, à l'approche de la quarantaine, qui n'osent pas s'exprimer et que la société ignore.
Audrey Page est directrice marketing dans un groupe de luxe.